Libre comme l\'Eire

Libre comme l\'Eire

SUNDAY, SUNNY SUNDAY - WEEK-END A BELFAST

  Je suis allee a la fac vendredi, le matin de mon jour de repos. Trois heures sur des photocopies, des cours a preparer, et des coorections.


J'ai enchaine avec une visite dans un bureau administratif, en ville.  

Bosser mon jour de repos, c'etait une vraie connerie. Du coup, j'ai depense l'argent que je n'avais pas dans un week end improvise a Belfast.

Je suis arrivee a 16h30, autant dire qu'il faisait presque nuit, l'occasion de decouvrir la ville quand les lumieres s'allument.


Un tour rapide dans quelques boutiques qui me rappelaient l'Angleterre sans y etre vraiment, et l'heure du diner vint. Restaurant puis piano bar, ou le gout du the se melaient aux notes d'hier, pomme et epices, cannelle et piano, et au plafond un lustre splendide me souhaitait la bienvenue en me rappelant certains apres-midi anglais, ou j'ecoutais un pianiste devenu mon ami au fil des semaines. 


Il s'agissait de Belfast, et pourtant la traversee nocturne m'a rappele Edimbourg


et l'hotel un certain salon de the qui me manque depuis longtemps. Si loin, si proche de l'Angleterre, entre une Irlande independante et le Royaume Uni auquel elle appartient encore, Belfast est comme moi : tiraillee. 

Meme impression dans les pubs, nourris de musique traditionnelle irlandaise a l'etage et de pop rock au rez de chaussee, le tout arrose d' Irish coffee paye en livres sterling.

Je passai la nuit dans une auberge improbable et pas chere. Au matin, je partageai du the et des biscuits avec deux americaines, et je traversai, dans un dimanche desert, la capitale du Nord, en visitant au passage son universite. Elle etait construite en briques rouges, comme les immeubles victoriens de Leeds, et j'y retrouvai l'accueil chaleureux des anglo-saxons.


On etait dimanche, et pourtant la fac etait comme habitee, quelques vieux gentlemen m'ont montre les lieux, et la encore je me rememorais mes escapades anglaises, ou j'escaladais quelques barrieres, et charmais deux ou trois gardiens pour qu'ils me laissent continuer ma visite, malgre les panneaux et les interdictions.

La fac a tout juste cent ans, et fait la fierte de la region. Dans la cour, un joueur de cornemuse ne jouait que pour moi, enfin je crois qu'il repetait pour une reception, un spectacle, enfin il jouait, quoi.

Je continuai ma route et arrivai aux jardins botaniques, anoblis de soleil.


Et la... je me suis endormie. Il faut dire qu'il faisait beau, que j'avais peu dormi a l'auberge, et que l'herbe etait tendre, verte et epaisse, et m'invitait a la sieste. Bref, c'etait une chouette matinee.

Dans l'apres-midi, reveillee par deux ou trois garnements qui m'ont rendu service, je decidai d'aller faire un tour sur les docks. Le nord de l'Angleterre me revenait encore, rues de Durham toujours impregnees d'amertume thacherienne, villes industrielles ou Orwell dormait sous les ponts : les grues gachaient le paysage et bouchaient la vue, les constructions inachevees cachaient les collines millenaires, les rayons solaires accentuaient la laideur des lieux.

Je n'aimais pas cette ville parce qu'elle me ressemblait, accueillante mais melancolique, irlandaise aux relents d'Angleterre, le sordide des rues et des bars sans la noblesse du brouillard de York. En parcourant Belfast, je me rendis compte de ce qui m'avait seduite a Dublin et qui manquait, semblait-il, au nord, tout en pensant a cet autre nord ou moi, je ne manquais de rien, sinon de raison et de lucidite pour savoir qu'il n'en fallait pas partir.



11/11/2009
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