Libre comme l\'Eire

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ROM-COM ET RANTANPLAN

 

En anglais, la comédie romantique se contracte en rom-com (romantic comedy.) C'est le petit nom que l'on donne à ces films courus d'avance, où un couple se rencontre, se déteste, pour s'aimer passionnément  par la suite.

 

A Dublin, je disposais d'une carte cinéma, et je suis allée voir plusieurs de ces rom-com.

 

Deux semblaient jumeaux. Dans les deux cas, c'est l'enfant qui vient en premier, et rapproche le couple qui s'envoie des injures avant de s'envoyer des fleurs.

 

 

 

 

Point départ de ma réflexion: si les rom com nous racontent sans cesse le même scénario, pourquoi ce succès perpétuel ?

 

J'appelle ça l'effet Rantanplan.       

 

Voyez ce chien qui court, avec son air d'imbécile heureux, au cinéma, peut-être. Il a l'air ensommeillé, le sourire au visage comme par anticipation du rêve à venir. 

Le discours Rantanplan, nous l'entendons parfois dans certaines bouches qui se disent cinéphiles : "Moi, je vais au cinéma pour me détendre, ne penser à rien, oublier les soucis, et rire un peu."

 

Ils reviennent du cinéma l'air satisfait.

 

 Si par malheur ils découvrent un film un peu neuf et dérangeant, ils deviennent des critiques catégoriques, quittent la salle à grand bruit au milieu du film, et épuisent leurs amis de discours sur la nullité du film qu'ils n'ont pas compris. C'est que, vous comprenez, ce film les a grattés.

 

 

 

 

On sort des sentiers battus, de la petite histoire, du charmant mécanisme rassurant les foules. Les Rantanplan, en somme, sont allergiques à l'art. Le comble, c'est de voir certains s'étonner, ou simuler l'étonnement, devant un scénario vu cent fois.

 

 

 

Ils ont un côté poisson rouge, les Rantanplan, ils tournent dans leur bocal mais, puisque leur mémoire n'excède pas 30 secondes, ils s'émerveillent deux fois par minute de l'univers autour d'eux.

 

 

 

 Peut-être les poissons rouges ont-ils raison. Peut-être faut-il rester naïf et s'émerveiller de tout, y compris de la médiocrité.

 

Moi, je suis pour la libération des poissons rouges. J'aime à les imaginer dépressifs,

 

 

ou poètes, rêvant de grands espaces depuis leur bocal.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La situation n'est pas désespérée. Il existe un moyen de leur donner un goût d'océan.

 

On pourrait commencer sur terrain connu

 

 

Bridget est tiraillée entre deux hommes : le beau patron salaud incarné par Hugh Grant, et le type bien qu'elle ne regarde pas. Si le film plaît au Rantanplan, vous pouvez le diriger vers le livre ou, s'il n'est pas lecteur, vers un téléfilm où Colin Firth joue aussi un type bien, et s'appelle, comme dans Bridget Jones, d'ailleurs, Mr Darcy...

 

 

 

 

 

 Voyez comme les protagonistes s'évitent, avec méfiance chez Darcy, amusement chez Elizabeth. Dans le téléfilm tiré du roman de Jane Austen, Orgueil et préjugés, l'héroïne doit déjà choisir entre deux maris potentiels, Wickham, séduisant mais secrètement salopard, et Darcy, le beau parti, mais distant et d'apparence orgueilleuse. C'est bien cette trame du 19ème siècle que reprend Le Journal de Bridget Jones, censé rendre compte du célibat féminin aujourd'hui.

 

 Mais le secret du classique d'Austen, ce n'est pas la trame. Nombre de romans victoriens aujourd'hui oubliés parlaient d'un coeur partagé entre deux hommes, offrant à l'héroïne un happy end. Ce qui a aidé Austen a passer à la postérité, c'est le ton, l'ironie, l'humour en somme, de son roman.

 

 

La version BBC d'Orgueil et préjugés conserve comme un trésor l'ironie d'Austen, contrairement à une version plus récente qui m'a éprouvée pendant mes années agrégatives... Cette adaptation noie l'ironie de l'auteur, et ne garde que la trame. Reste donc, une rom-com. Voyez comme les personnages se regardent en chiens de faïence au départ...

  

 

pour s'aimer comme des fous au générique de fin

 

 

 

Je ne veux pas me montrer trop dure envers les rom-com. La mécanique est plaisante, elle rassure le spectateur. Mais quoi de plus ? Ces rom-com ne génèrent-elles pas également un complexe, celui, par exemple, de ne pas avoir trouvé l'amour ? Ne vous inquiétez point, chère spectatrice célibataire, vous ne le resterez plus longtemps, Il est quelque part, il vous attend.

 

 Et je ne suis pas en reste. La mécanique me rassure, mais je préfère conseiller des films qui parlent d'amour autrement comme

 

 

 ou de jolies chansons qui viennent consoler les filles seules

 

 

 

 



04/02/2011
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