Libre comme l\'Eire

Libre comme l\'Eire

QUAND ALICE A MORDU DOROTHY : LE NOUVEAU BURTON EN QUESTION

Il y a quelques années est sorti, aux éditions Diane de Selliers, une version d'Alice au pays des merveilles, illustrée par Pat Andrea. C'est l'un des rares a avoir souligné dans ses dessins et peintures la dimension effrayante de l'oeuvre de Lewis Carroll.



L'absurde, le cauchemar, le grotesque, tous ses aspects de l'ordre du fantasme et de l'inconscient dans le roman de Carroll sont représentés par l'artiste néerlandais.

On en oublie d'un coup la version originale



ainsi que Disney et ses fleurs chantantes



Vous croyez savoir ce qui vient, pas vrai ?

Détrompez-vous. C'est pas parce que le dernier Burton reprend justement Alice, et que je suis fan de Burton, que je vais en parler sur ce blog.

- Alors pourquoi son nom est dans le titre de l'article ?

- Ah, tu as raison, Shandy. Il va falloir que je change ca.


Mais puisqu'on y est, parlons de Burton. Le dernier Burton, enfin, le nouveau Burton (espérons que d'autres suivront) vaut surtout pour sa qualité esthétique, et pour cette meme conscience de l'aspect angoissant du texte de Carroll. Les images 3D, la qualite du contraste, le plaisir de filmer de Burton se change en plaisir des yeux pour le spectateur.

Big Fish etait une ode a l'imagination. Le contraste entre deux mondes se filmait deja dans Beetlejuice, L'Etrange Noel de Monsieur Jack, et plus r
écemment dans Corpse Bride, ou le monde des vivants



semblait bien moins vivant que le monde des morts, carr
ément plus fun.



Ce contraste, on le trouve dans un autre grand classique pour enfants (et pour enfants devenus grands) porté a l'écran en 1959, ou une fillette quittait deja un monde en noir et blanc



pour d
écouvrir un pays magique en couleurs.



Le Magicien d'Oz, a l'
évidence, est une véritable obsession chez Burton.



Les deux "fillettes" n'en sont plus : Alice parce qu'elle a grandi dans la trame proposée par Burton, et Dorothy parce qu'il fut trop difficile pour les studios de Hollywood de trouver une fillette de huit ans qui sache danser, chanter et jouer la comédie.

Dans les deux films,




L'ami, le confident de "l'autre monde" est charmant et un peu fou.

  


Deux reines s'affrontent, l'une m
échante, l'autre douce, qui rappellent la méchante sorciere de l'ouest et la gentille fée imaginées par Franck Baum.



Enfin, l'objet magique permettant a l'heroine de rentrer chez elle est un chapeau
qui vient remplacer les fameux souliers de rubis


Cependant, la morale parait différente. Le celebre "There's no place like home" (On n'est jamais mieux que chez soi) ne trouve pas d'écho dans l'adaptation d'Alice.

En effet, le "monde ré
el" (déalisé quand-meme, il s'agit de Burton) n'est pas beaucoup plus coloré que Le Pays des merveilles (Wonderland), devenu Underland (Monde souterrain), car la mechante Reine de Coeurs en a pris le controle.

Alice se promene donc entre deux mondes désenchantés. Le pays merveilleux semble menacé, comme Fantasia dans L'Histoire sans fin, par un trop plein de raisonnable qui étouffe les reves d'enfant.

Dans le film allemand, Fantasia est sur le point de disparaitre,



 sauvé in extremis par Bastien, jeune reveur
.



Reflexion de Burton sur la mort du reve ? Invitation au voyage quand Alice, non désireuse de se marier, se retrouve a bord d'un navire en partance ?

On dira que la trame de Burton est un peu mince, c'est vrai. Mais il ne faut pas faire de mauvais proces a un joli film, bien réalisé, et qui souleve les éternelles questions du réalisateur sur l'imaginaire en y apportant des éléments neufs.


Faites-vous une idée. Allez voir le film.


29/03/2010
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour