Libre comme l\'Eire

Libre comme l\'Eire

POUSSER LE BOUTON TROP LOIN

Si un homme venait a votre porte en vous offrant une boite, et un million de dollars en liquide dans une valise si vous appuyez sur un bouton ?



- Ou est la boite, ou est le bouton ? j'appuie tout de suite, tout de suite !
- Je demanderais ou est la caméra cachée.
- Je verifierais si la valise ne renferme pas des billets de Monopoly.

Non, non, non ! Laissez-moi finir. Si vous appuyez sur le bouton, une personne que vous ne connaissez pas mourra.

- Ah. C'est pas la cam
éra cachée, alors.
-
La boite, la boite ! Ou est-elle? je vous dis que je veux appuyer !
- Moi je passe quand-meme a la banque avec l'un des billets pour verifier si...

Bon. Dans le film - parce qu'il s'agit d'un film, hein, on ne m'a pas encore proposé un million de dollars - un couple recoit ce drole de cadeau. Ou plutot, c'est la femme qui recoit cette proposition de la part d'un homme mysterieux (Frank Langella, remarquable dans le role.) L'homme lui dit d'en parler a son epoux. Ils doivent prendre leur decision sous 24 heures, faute de quoi la boite sera recuperee, et l'offre faite a quelqu'un d'autre.

Apres cette bande-annonce allechante, voyons de plus pres la philosophie du film.

C'est la femme qui laisse entrer l'homme chez elle. C'est aussi
elle qui appuie sur le fameux bouton. Un personnage du film explique au heros que c'est sa femme, egalement, qui a commis le crime d'appuyer. Le film se termine sur une troisieme femme repetant le meme geste, provoquant la mort d'une autre personne. Dans la version originale de The Box, "Button, Button," transformé en episode de La 4eme Dimension, la culpabilité de la femme ne fait aucun doute.

Je suis emmerdee.

Le film est tres reussi, c'est un thriller efficace, les acteurs sont parfaits, le scenario est original...

Mais une question me taraude :

Est-ce que rien n'a chang
é depuis Adam et Eve ?



Dans la Genese, le serpent seduit la femme, et c'est elle ensuite qui convainc Adam de croquer le fruit interdit.

Meme schema ici: au lieu du serpent, un homme mysterieux "qui ne peut reveler le nom de son employeur" et qui propose, plutot qu'un fruit, un million de dollars. La femme en parle a son mari, et appuie elle-meme sur le bouton, avec un repentir a suivre, bien-sur, car la morale est necessaire.

Dans bien des oeuvres, c'est la femme qui prend la decision de faire le mal, tandis que le mâl(e), lui, se laisse plutot convaincre.


Macbeth aurait-il tu
é Banco si Lady Macbeth ne l'avait pas suggéré (car en littérature, bien souvent, c'est le diable et la femme qui suggerent) ?



Le Mal, en somme, est-il toujours feminin ? La femme detient-elle le monopole de l'action condamnable, transformant son mari en simple suiveur ?

En 2009, cette reputation du Mal feminin demeure. Dans la vie reelle, elle vient encore justifier l'oppression des femmes.

Nait-on mauvaise quand on nait femme ?
(D'avance, merci Lola)



14/12/2009
2 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour