Libre comme l\'Eire

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LES AVENTURES DE GEORGE LA CIGOGNE

Tout a commence avec un t-shirt



Ma colloc irlandaise et moi nous sommes apercu que nous portions le meme.


- Tu es francaise, me dit-elle, pourquoi ne pas porter le maillot de l'equipe de France ?

- Parce que je suis irlandaise de coeur.

- Irlandaise de coeur... Qu'est-ce que ca veut dire ?


Je m'etonnais d'une telle question. Puis je lui expliquai que la cigogne qui s'etait occupee de mon cas avait du se tromper, en me deposant du mauvais cote de la Manche...

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Ah, si seulement la cigogne tres professionnelle de Dumbo s'etait occupee de moi, en me deposant sur ma terre de coeur, dans un foyer douillet, parmi des parents aimants a l'accent BBC !


 

Mais non. Ma cigogne a moi, il a fallu que ce soit celle-la :




La pauvre cigogne de Pixar qui s'en prend plein la gueule dans Partly Cloudy.

Cette cigogne, deprimee apres s'etre chargee des livraisons les plus difficiles (requin, crocodile, anguille et j'en passe) a decide d'aller faire un tour au pub. Eh oui, il s'agissait d'une cigogne irlandaise. Alors elle a pas mal bu.

Et apres toutes ces aventures, c'est moi qu'il fallait livrer.



Voyez comme je dis joyeusement bonjour a ma terre d'accueil, a son herbe verte, a ses paysages sauvages...

Et puis, au pub, George (c'est le nom de la cigogne) a entendu qu'il existait une terre ou les cigognes etaient bienvenues, ou la nourriture etait splendide et les toits toujours couverts des nids de ses congeneres, une terre, en somme,
ou il fait bon vivre si l'on est une cigogne.



L'Alsace.

Pour une fois, George etait en avance, et decida d'aller faire un tour du cote alsacien, avec moi dans son bec, avant de revenir sur les iles britanniques.

Je me souviens que George a failli me faire tomber, en ouvrant grand son bec d'admiration au-dessus de la cathedrale de Strasbourg.



Le linge dans lequel j'etais enveloppee s'est ouvert, et j'ai apercu, ebahie, la splendeur de l'architecture. Voila d'ou vient mon faible pour les cathedrales.

George aurait pu me laisser la, au pied de Notre-Dame de Strasbourg, mais c'est une Notre-Dame differente qui devait accueillir ma venue.

George planait au-dessus de Colmar et vit l'une de ses congeneres paisiblement installe dans un nid, sur le toit d'une maison.



Il me deposa dans le nid.

Maman Cigogne me considera avec douceur :

- Alors, dit-elle, une nouvelle petite alsacienne ?

George, pris de panique, se souvint que j'etais sensee etre irlandaise.


- Saperlipopette ! Ca m'est sorti de la tete ! Comment arriver en Irlande a temps ?

- Si tu passes par Paris, et que tu t'accroches a l'une de ses machines volantes a moteur, on dit que tu peux y etre en moins d'une heure...


George s'envola aussitot, moi dans son bec.

Nous arrivames bientot a Roissy.

J'entendais vaguement une voix claire de femme annoncer...

Avion... Air France... Dublin... porte 12...


George etait soulage.

Puis on entendit autre chose.


Retard... mouvement social...

Puis les passagers...

Greve... retard... prevenir Jean-Claude...


L'avion n'est pas parti en retard. En fait, il n'est pas parti du tout.

George, depite, m'a laissee la, et on m'a prise pour un colis abandonne. Un policier est venu. Un homme,
decu d'avoir lui aussi rate  son voyage irlandais, etait assis juste a cote de moi.

- Ce sac est a vous ? demanda le policier.

Il apercut le linge qui m'enveloppait, surpris. Sans trop reflechir, il repondit "oui." Apres le depart du policier, il me regarda avec tendresse et me ramena chez lui.

Voila pourquoi je ne suis pas anglophone : Air France etait en greve.

Voila pourquoi j'ai le gout des voyages : j'ai ete trouvee dans un aeroport.






02/03/2010
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