LE KID, LE RAI, LA MER
Bientot un an que je suis arrivee en terre d'emeraude, et pour feter cet anniversaire, j'ai decide de partir, comme en pelerinage, au Festival de Musiques du Monde de Dun Laoghaire. En effet, ce meme festival fut ma premiere experience musicale a Dublin.
La premiere fois, j'etais accompagnee d'une australienne originaire de Singapoure, d'un espagnol, d'un francais et d'une allemande. Cette fois, c'est une jeune amie polonaise, surnommee Tia car elle a tout d'une fee, qui me fit l'honneur de sa presence. Mais Tia n'etait pas seule. Elle avait amene le Kid.
Le kid a sept ans. Il aime les jeux videos, surtout Mario Kart, et il m'a battue a plates coutures a ce jeu que je pensais connaitre, parce qu'a douze ans, moi, j'etais championne pour propulser Yoshi le dinosaure sur la ligne d'arrivee.
Mais Yoshi a bien change depuis mon enfance...
Yoshi a l'epoque Sandrinienne > 
Yoshi aujourd'hui >
Inutile de vous dire que le dinosaure, maintenant, c'est ma pomme.
Le kid, melancolique ou rieur, reveillait chez moi l'emotion que j'avais ressentie devant le film de Chaplin.
Mon film a moi parle d'une fee polonaise amatrice de reggae, amoureuse d'un homme aux dreadlocks originaire du Suriname. Ce jeune homme a epouse, dans le temps, une dame d'Afrique Noire, et ca a donne... le Kid.
Ainsi nous gambadions sur la pelouse irlandaise, faisant danser le Kid sur de la musique orientale, car il faut savoir que ce jour-la, Khaled, chanteur algerien bien connu chez nous, donnait un concert.
Et ca resonnait sur la cote irlandaise, les accents d'Orient et la musique festive, les franchouillards ont repris Aicha en choeur, les irlandais ont decouvert, surpris, le soleil de Khaled qui a brille comme un miracle, sur un mois de juillet aux allures d'octobre.
Oui, le soleil, enfin, faisait une percee, le Kid et la fee etaient heureux, les mains jointes, chocolat noir sur cheveux blonds, l'image etait si belle que de parfaits inconnus ont pris en photo l'etonnant duo. Regards d'amour de la fee et du Kid, regards hostiles de certains qui nous ont pris, sans doute, pour un couple d'homosexuelles et leur fils adoptif venu d'Afrique.
Il ne s'agissait pas seulement de quelques vieux. Plusieurs jeunes regards trahissaient le degout face a notre trio.
Dublin metisse, cosmopolite. Chinois, polonais et lituaniens partagent des sushis sur fond de folklore irlandais. Des milliers de francais, d'allemands et d'italiens y viennent en touristes, tous y parlent la langue universelle des deux G : Guiness et Guitare.
Tout cela est vrai, mais les prejuges ont la vie dure. Il y a dix ans a peine, multitude d'irlandais n'avaient jamais vu de Noir sur leur verte pelouse, alors pensez-vous, une polonaise et une parisienne qui tiennent par la main un enfant metisse...
La fee et le Kid sont alles faire un tour dans la Grande roue. Je suis restee face a la mer.
Je n'avais pas eu le temps, lors de mon premier festival, de vraiment admirer la mer. Je suivais les copains, j'ai bondi dans le bus de retour a l'auberge. C'etait l'occasion de rattraper le temps perdu. J'ai regarde infiniment l'orange sur la mer, une femme caramel portait une robe rouge. En pensee je l'appelais Flamenco.
Elle me dit quelques mots comme il est de coutume a Dublin, D'ou venez-vous vous etes en vacances vous habitez dans l'coin le festival est reussi la meteo est clemente ca nous change comptez-vous rester en Irlande ?
Puis le Kid et la fee sont revenus du manege. Flamenco a pris le Kid en affection, et les ricochets ont valse sur la mer. Dans ma tete resonnait encore la musique de Khaled et le bonheur de faire danser le Kid sur les trompettes d'Orient.
Khaled-Didi
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