Libre comme l\'Eire

Libre comme l\'Eire

L'HIER D'IL Y A QUATRE ANS

Je retrouve Malahide comme si je n'avais jamais quitte ma terre. Les lieux m'accueillent, grilles et portes ouvertes, comme en cet hier d'il y a quatre ans. Je pleure presque de gratitude. Le soleil pale d'automne me rechauffe juste assez, et offre un clair-obscur au musee de briques ou fleurissent le lierre et sa cousine pourpre. Apres un ete cruel, voici un automne clement, tel que je l'esperais.

Il y avait un paon dans cette cour, en cet hier d'il y a quatre ans. La cour est vide aujourd'hui, alors pourquoi vois-je ce paon faire la roue et s'approcher de moi ?

Parce que le retour, ce n'est jamais qu'un present vecu deux fois. Ce paon avait etonne, amuse, la grande enfant que j'etais avant sa visite au musee du jouet. Dans ce musee est exposee une maison de poupee, et la plus extraordinaire qu'il fut donne de voir.

Je n'avais pas pris la plume, ce jour-la. J'avais pris quelques photos, achete trois cartes postales. Ce fut tout. Mais j'ai garde en memoire la promenade forestiere avant la visite au chateau,

Le soleil sur la plage ou je contemplais infiniment un bout d'ile sur la mer.

La memoire possede une ironie delicieuse. Tandis que je me souviens en detail d'une journee d'il y a quatre ans, en la retrouvant aujourd'hui dans un hasard familier, l'oubli me fait la grace d'effacer a toute vitesse les evenements de l'annee precedente: rues de Strasbourg, maisons de Colmar, prenoms de mes eleves dont je garde le visage dans une douceur triste, coleres injustifiees d'adultes, absurdite des discours, faussete des ames, et ici et la le sourire magnifique de mes enfants d'un an.

Ma semaine irlandaise a clos mon annee anglaise, semaine de juin ou je me jurais de revenir bientot. Je suis revenue bien tard. Mais pas trop tard. Tout vient a point a qui sait attendre. Mais rien ne vient a ceux qui attendent trop longtemps.



27/09/2009
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