Libre comme l\'Eire

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L'ETRANGE MORALE DE MONSIEUR WALT

Croyez-le ou non, je suis allée voir le dernier Disney hier.

Première héroïne afro-américaine chez Disney, Tiana, princesse de coeur plus que de sang, semblait emplie de belles promesses...

Le papa est le portrait d'un Obama travailleur, et berce l'enfance de sa fille d'un amour infini et patient.

La petite fille rêve de devenir princesse, et pour cela, prie la bonne étoile, qui aida jadis un pantin de bois à devenir petit garçon...

Le papa, en américain modeste et courageux, dit à sa fille :

"Prier la bonne étoile, c'est bien. Mais dans la vie, il faut travailler dur pour obtenir ce que l'on veut."

Mon regard s'illumina d'une lueur d'intérêt, à la soirée tout juste plaisante qui se changeait en réflexion.

La machine de Disney avait-elle changé de discours ? Avait-elle enfin la sagesse de dire aux enfants que la vie était dure, et que les contes de fées ne se réalisent pas a l'aide d'une baguette magique ? La majeure partie du film paraissait tenir ce discours.

Serveuse sans le sou, travaillant dur dans l'espoir d'ouvrir un jour son propre restaurant, Tiana économise et achète une grande baraque pourrie qu'elle compte retaper pour en faire un restau de luxe.

Avant que les créanciers ne la ratrappent.

En parallele, dans un New Orleans qui fleure bon la nostalgie du colonialisme (hum), un charlatan promet au prince beaucoup d'argent en lui lisant les cartes.

Mais le méchant, judicieusement nommé 'Dr Facilier' (parce qu'à New Orleans, on parle français, un peu) ne sème que le malheur sur son passage.

- Morale de l'histoire : il ne faut jamais se fier à un gars qui a une tête de mort sur son chapeau.

- Mais non, Shandy. Tu n'y es pas du tout. Laisse-moi expliquer.

Le prince,

se retrouve puni d'avoir accordé sa confiance au sorcier.

 

Hélas, au lieu de princesse, il trouve une modeste serveuse deguisée lors d'un bal.

Et, en l'embrassant, elle aussi devient ...

La bonne fée qui leur vient en aide, pas aussi glamour que dans Pinocchio...

... conseille, dans sa bonne humeur chantante, de faire la différence entre ce que l'on veut et ce dont on a besoin, à savoir l'amour.

Avec un conseil pareil, on aurait pu s'attendre a une fin a la Shrek, avec les amoureux restés ogre et ogresse,

qui eurent beaucoup de petits ogres pour emplir leur joyeuse maison.

On peut au moins souligner l'apparition du premier couple mixte chez Disney qui soit une invention originale (je ne parle pas de Pocahontas.) Cependant, le baiser final permet la transformation des deux personnages en prince et princesse, et Tiana peut enfin ouvrir le restaurant tant désiré...

Quelle est donc la morale de Disney ?

Que, finalement, travailler dur ne sert a rien, et qu'il vaut mieux prier la bonne étoile pour trouver un homme riche a épouser ?

Que la beauté exterieure, c'est quand-même mieux que d'être grenouille couverte de bave, pardon, de muqueuse ?

Comprenez l'entreprise Disney. Il faut bien faire rêver les petites filles avec des princesses et des jolies robes. Sinon, comment vendre les poupées Barbie ?

Sous des couverts faussement novateurs, le dernier Disney est en fait, de manière perverse, plus conservateur que jamais. Peut-être même cynique. Le capitalisme, les créanciers sont trop forts.

Si la magie ne sert à rien pour réaliser ses rêves, travailler dur non plus.

Epouser un homme riche, y a que ça de vrai.



06/02/2010
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