Libre comme l\'Eire

Libre comme l\'Eire

A LA RECHERCHE DE LA THEIERE PERDUE

J'ai demenage plusieurs fois dans ma vie. Chaque fois que j'emmenage, il est une chose que j'achete en premier. Je ne suis pas la jeune femme consciencieuse qui commence par faire les courses, se procurer du sel et des epices, des produits menagers, papier toilette et autres choses romantiques.

Moi, il me faut ma theiere. Et quand d'autres femmes chercheront pendant des heures la tenue de soiree ideale pour leur sortie du samedi soir, moi je cherche comme une detective la parfaite theiere. Une theiere qui soit a mon image, toujours dans cette idee du "Nesting," de faire de sa maison le lieu personnel et sensible sense en dire beaucoup sur son occupant.

C'est vrai qu'on peut comprendre bien des choses sur quelqu'un en voyant sa theiere.


"J'aime l'elegance et le raffinement"

    "Je suis econome."

 

"Je suis nostalgique des gouters d'anniversaire de l'enfance."

"Je crois aux OVNI."

"Je suis maso."

"J'aime le the a la rose a 16 heures. Nature, de preference."

" Je bois du the japonais, avec des sushis que je prepare moi-meme. C'est mon pere qui m'a enseigne."

"J'aime tant ma theiere que je la porte autour du cou."

etc.

- Facile de se moquer. N'as-tu pas oublie quelque chose ?

- Comment ca ?

- L'humour veritable, c'est l'auto-derision.

D'accord, d'accord. Vous voulez surement voir a quoi ressemble ma theiere. Je ne suis cruelle, au fond, qu'envers moi-meme. Ca va faire mal.

J'ai trouve ma theiere dans un grand magasin anglais, ce qui revele ma nostalgie d'une certaine annee qui m'a faite revenir de ce cote de la Manche. Cette theiere dit "je suis deseperement anglaise," mais je ne voulais pas d'une theiere a fleurs, comme celles qu'on trouve chez les grand-mamans, avec le papier peint assorti.

Je voulais une theiere qui dise "je suis drole et originale, je suis tendre et gamine, et je ne peux imaginer le the sans les cookies qui vont avec." Une theiere qui fasse sourire, que certains trouveraient de mauvais gout, peut-etre, mais qui detiendrait une chaleur avant meme que l'eau chaude n'y soit versee. Une theiere assez grande pour partager avec des invithes mon plaisir favori. J'aime le rose acidule, celui des nannys bienviellantes et des gentilles vieilles dames qui invitent les enfants voisins apres l'ecole, pour combler leur solitude de jeunesse. J'aime cette forme de "cupcake." En effet, qu'y a-t-il de plus anglais que le cupcake ?

Ah, ces cupcakes, aux couleurs improbables,  avec du sucre, de la farine et du sucre, et une cerise confite dessus. Donc, un cupcake avec du the dedans, c'est un peu trop anglais pour etre honnete. Voila le coeur du debat. En achetant cette theiere, je m'excuse de n'etre pas anglaise. Il me faut donc des signes exterieurs d'angicite. La theiere, evidemment, c'est essentiel.

Je suis revenue, car j'en avais assez d'etre anglaise par procuration. Et pourtant ma theiere n'a jamais ete plus cliche. Sens de l'auto-derision ? En partie seulement.

L'ironie, dans tout cela, c'est que  la theiere consideree comme

anglaise, c'est celle -ci : 

Je parle aujourd'hui du contenant, moi qui aime tant, a l'habitude, parler du contenu. Ne vaut-il pas mieux parler du the de Noel et de sa cannelle agrementee d'epices ? Ou du the a la rose, avec ou sans sucre, avec ou sans lait, avec ou sans the ?

Ma victoire a venir sera peut-etre celle-ci : me sentir suffisament anglaise pour que la theiere ne soit coloree qu'en son interieur.



19/09/2009
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