Libre comme l\'Eire

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WHAT IS IT WITH SHOPPING ?

 

What is it with shopping ?

 

C’est le genre de question que Carrie Bradshaw pourrait poser dans sa chronique Sex and the City.

 

 

 

 

Elle-même fan de shopping, elle écrit maints articles sur le sentiment de joie intense qu’elle éprouve dans de nouvelles chaussures, avec un ensemble dernier cri ou un nouveau sac griffé.

 

Quelle est cet orgasme féminin surgissant au moment de l'achat ? De nombreux artistes, et ce longtemps avant Carrie Bradshaw, ont prétendu et prétendent encore que le paroxysme du plaisir féminin consiste à dépenser.

 

Dans les anciennes versions de poche...

  

 

... comme dans les plus récentes. 

 

 

Ah, l'escalator qui mène au temple de la consommation !

 

Il suffit de regarder l'air extatique de certaines femmes lorsqu'elles font des emplettes:

  

 

 

Le film d'où est tiré cette image possède bien sûr  le scénario attendu du "chick flick" (film pour nanas): la jeune femme se ruine en beaux vêtements, et rencontre un prince charmant qui n'est autre que son employeur.

 

Mais une scène, cependant, a retenu mon attention: l'héroïne essaie dans une boutique un foulard vert qui la fait se sentir puissante, séduisante, et lui donne de l'assurance avant un entretien d'embauche.

  

On saisit, dans cette scène, le pourquoi de son addiction. Ce que cette femme achète, ce n'est pas le foulard, mais bien un sentiment  qui l'aide à affronter un moment difficile. L'accro au shopping vide son porte-monnaie afin de se sentir emplie d'autre chose, une sensation de bien-être, qui n'a pas de prix et l'incite à dépenser l'argent qu'elle n'a pas.

 

Au point que ce foulard vert devient sa "marque" de fabrique.

 

 

 

 

Métonymie effrayante, si l'on y réfléchit. La femme (ici chroniqueuse d'un journal) est réduite à l'objet. Le pseudonyme "The Girl in the Green Scarf" s'avère pertinent et terrifiant : la femme (diminuée en "fille") est envelopée, dissimulée sous son accessoire au point de devenir l'accessoire.

 

 

Si l'histoire s'était concentrée sur le pourquoi de son addiction, sur le manque à combler, sur la déprime plus forte une fois évaporée l'euphorie dépensière, on aurait obtenu un bon film. Mais offrir le sempiternel conte de fées est plus évident que d'analyser le faux bonheur d'aujourd'hui : la consommation.

  

Tout d'abord, il faut souligner le point de vue machiste qui, paradoxalement, caractérise ces films pour nanas: "les femmes aiment dépenser, c'est bien connu, vous ne sauriez, mesdames, être autrement."

 

Je m'étonne de constater, à chaque film ou série sur les femmes, à quel point la femme dépense...

 

 

 

... tandis que l'homme tient la carte de crédit.

 

 

 

 

Jusque dans cette série que j'aime, qui a tant fait pour la libération (sexuelle) des femmes. Dans Sex and the City , l'homme de Carrie Bradshaw, le fameux Mr Big, est décrit lors du premier épisode comme "le nouveau Donald Trump," homme d'affaire richissime. Le surnom "Mr Big" ne réfère donc pas à un pénis de belle taille, ni même à l'importance sentimentale du monsieur pour Carrie. Mr Big, c'est avant tout "Big Business."

  

 

Dans la troisième saison, Carrie va jusqu'à lui demander son aide quand elle risque de perdre son appartement : elle a dépensé, voyez-vous, l'équivalent de son crédit en... chaussures.

 

Sex and the City,  donc, malgré son insolence et ses dialogues brillants dès qu'il s'agit de parler sexe, redevient traditionnel vis-à-vis de l'argent au point de faire hurler les féministes.

 

 Hélas, la féministe que je suis n'échappe pas à l'illusion dépensière: durant mes deux ans de concours, je me suis ruinée en livres que je n'ai pas eu le temps de lire, pour me rassurer. Un homme peut (oui, les hommes aussi consomment, et certains sont accros) acheter un costard pour réussir sa conférence, une grosse voiture pour se croire invincible, un blouson de cuir pour revivre sa jeunesse. Quel qu'en soit le prix, on n'achète jamais que du sentiment. Ca a d'ailleurs donné la meilleure chanson de Souchon.

 

 

 

 



03/02/2011
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