Libre comme l\'Eire

Libre comme l\'Eire

PAS SUR ELLE

  

On n’écrit pas sur ce qui va bien. Sur un bébé extatique qui ne pleure jamais. Si adorable que la plume tourne à vide. La perfection n’a pas besoin d’encre. Pourtant je devrais écrire sur cette môme qui porte le nom de mon actrice favorite. Je devrais dire la rondeur de son ventre et de ses membres quand je la fais danser. Le bonheur est trop lisse pour les gaucheries de l’écriture.

 

 

Emma, le nom est doux, il rappelle Austen et les demeures anglaises. Le double « m » c’est déjà son baiser d’enfant. Il n’y a rien à en dire, et pourtant Emma ce n’est pas l’ennui, c’est la plénitude, le monde d’Eve avant la pomme, le silence comblé de ses sourires immenses. Elle est…

 

 

La page blanche devrait me faire écrire sur ses langes et son corps de lait. L’encre, ce devrait être ses billes qui s’allument au gré de mes chansons. Je ne sais pas écrire le bonheur. J’écrirai l’angoisse, l’affront, je tracerai la terre qui me manque et me déchire d'être loin, et crierai l’injustice d’une jeune fille qui meurt à vingt ans, mais ne me demandez pas d’écrire sur Emma, je ne veux la souiller de mon manque de talent. On n’écrit pas sur celle qu’on aime et qui nous aime. On n’écrit rien sur les cheveux doux d’une divine, les mots capitulent devant elle. J’écrirais sur la guerre si je l’avais vécue, sur l’amour partagé si la chance m’avait bercée un peu, mais l’enfant…

 

 

 

J’écrirai sur les temples de Thaïlande quand je les visiterai. J’écrirai sur ma terre quand je la retrouverai et tant qu’elle me manquera. Mais pas sur Emma. On n’écrit pas la joie sans des mots cliché qui soulèvent le cœur au lieu de l'exalter. On n’écrit pas sur la peau douce d’une femme en bouton.

  

On n’écrit pas qu’on aime autant. Ça frôlerait l’indécence.

 


  

 

 



20/01/2011
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