Libre comme l\'Eire

Libre comme l\'Eire

PAIN NOIR, PAIN BLANC

L'Irlande est patriote. Elle encense ses auteurs, ses chanteurs, ses poetes. Les artistes irlandais sont les seuls au monde ane pas payer d'impots. Autant dire que si publie un jour, je demande illico la nationalite irlandaise.

 

    

 

 

Mais ce patriotisme recele un cote obscur. Parfois, il verse dans le nationalisme, et on entend dans le discours des irlandais une hostilite evidente envers les autres nations.

 

En cette periode de crise, le bouc emissaire est toujours l'etranger. Du cote irlandais, ce sont surtout les peuples de l'Est (polonais ou lituaniens) qui souffrent de prejuges et d'amalgame.

 

Quand je pense au racisme et a ses bizarreries, c'est toujours le sketch de Fernand Raynaud qui me revient en memoire, et l'etranger de son village qui "vient manger le pain des francais."

 

 

Fatigue de s'entendre dire qu'il "vient manger le pain des francais," l'etranger rentre chez lui. Mais dans le village raciste, on ne mange plus de pain. Il etait boulanger.

 

Meme discours au sujet du travail depuis, semble-t-il, l'aube des temps. "Les etrangers prennent le travail des francais."

 

L'argument de mon pere, pendant des annees, fut de dire que les etrangers prenaient le travail "dont les francais ne voulaient pas." C'est un leurre.

 

Que dire des employeurs, qui recrutent cette population immigree ?

Il est plus facile d'exploiter la jeune femme russe qui maitrise mal la langue. Elle lira moins bien son contrat, ne revendiquera pas ses droits de salariee, ne critiquera pas des conditions de travail, qui pourraient etre jugees inacceptables par la francaise diplomee.

 

L'ouvrier sans papiers fermera sa gueule, trop angoisse a l'idee de se retrouver sans ressources, ou d'etre denonce aux autorites.

 

 

L'hypocrisie du discours de droite exploite les immigres deux fois : en leur donnant les travaux les plus difficiles et les moins remuneres, tout en s'en servant comme boucs emissaires.

 

Hypocrisie systemique egalement. L'irlande de l'epoque du Tigre celtique a accueilli a bras ouverts la main d'oeuvre peu qualifiee qu'elle accuse aujourd'hui de tous les maux.

 

Quelle que soit sa couleur de peau, l'etranger n'a pas fini de manger du pain noir. 



09/10/2010
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