Libre comme l\'Eire

Libre comme l\'Eire

L'AVENTURE, C'EST L'AVENTURE

Dans la famille Pierre Richard,



je demande la fille.



Bonne pioche.

Un dimanche que je me promenais sur une plage...

Non, non. Ca n'ira pas.

Je suis partie en vadrouille, d'accord ? De ces vadrouilles que j'ai commencees lors de mon annee anglaise, annee en glaise, parfois, tant mes New Rock rouges de l'epoque aimaient a s'enfoncer dans les contrees marecageuses. Ce fut le cas a Grassington, ou je marchai jusqu'a une eglise en prenant soin de ne pas emprunter le chemin reserve aux touristes.



Et j'etais rentree chez moi, fourbue et heureuse, le coeur plein d'energie, les chaussures pleines de boue.

La vieille fille que je suis a voulu, ce dimanche-la, retrouver sa jeunesse, et les vadrouilles, qui n'etaient rien il y a cinq ans, font aujourd'hui subir maintes epreuves a ma pauvre carcasse.

La journee printaniere invitait a la promenade, le beau temps a la conversation avec des inconnus. Je choisis cette journee pour decouvrir la plage de Portmarnock, endroit agreable selon mes etudiants et un ami fraichement rencontre.




Et en effet, la promenade fut plaisante, avant qu'elle ne tourne a la plaisanterie.

Apres une tres longue marche, j'arrivai la ou aucun touriste encore n'avait pose le pied. Le vent me soufflait d'arreter ma course et me mettre a ecrire. Le sable humide avait une couleur ocre, presque brune, et je continuais ma route, sans m'apercevoir que le sable, a cet endroit, n'en etait plus.



Pas d'inquietude. Je suis une aventuriere mesuree. Il ne s'agissait pas, bien sur, de sables mouvants. Je ne m'etais pas aventuree dans les contrees hostiles et inconnues de quelque pays exotique. J'etais sur une plage irlandaise, a cent metres de la route et d'un terrain de golf, et j'avais de la boue jusqu'aux chevilles, juste assez pour m'empecher d'avancer.

Je voulus avancer tout de meme, m'enfoncais davantage, et y perdis presque une chaussure, comme Pierre Richard dans La Chevre. Je decidai d'appeler les secours avant de me casser quelque chose. J'ai fait le 911 grace a mon portable, seul numero que je connaissais.

Avec mon sens comique de l'orientation, j'eus bien du mal a expliquer ou j'etais, et dus parler a 4 ou 5 gars au telephone, perdant patience, mais souriant aussi a mon aventure, que j'allais raconter dans un texte.

Le gars au bout du fil m'a dit apres un moment :

"Est-ce que vous voyez l'helicopter ?"

Si la boue ne m'avait pas deja tenue, je me serais figee.

Mais j'avais bien entendu. Les secours envoyaient un helicopter pour une touriste paumee sur la plage.

"Est-ce que vous entendez l'helicopter ?" reprit le type.

L'helico, je ne sais pas, mais le generique de Supercopter, je l'entendais deja.

Je m'enervais d'abord au telephone, puis pris patience, et sirotais ma bouteille d'eau en attendant gentiment qu'on vienne me chercher.

Eh bien, mes amis, c'est comme dans les films. Ca fait un boucan du diable et y a du vent, tout ca.

Le secouriste est descendu, sexy dans sa combinaison orange fluo, et il m'est presque tombe dessus.

Il m'a attachee a son harnais avec le mousqueton. On se serait cru dans Fort Boyard.

Pour une aventuriere comme moi, dans ces cas-la, il ne restait qu'une chose a faire :



Admirer la vue.

Et je dois dire que, hormis le boucan, le mousqueton, ma trouille de laisser tomber mes lunettes, mon portable, ou mon sac a dos entier, la promenade etait plutot belle.

Et courte.
Je l'ai dit, j'etais a cent metres a peine de la terre ferme.

Ah, la terre ferme ! Quand j'y suis arrivee, 14 hommes m'attendaient



Bon, ils ne ressemblaient pas tous a ca... Mais certains etaient mignons, il faut bien le reconnaitre. 14 hommes donc : pompiers, ambulanciers, policiers, secouristes, tout ca pour une seule pomme.

Et moi qui n'avais rien, pas une egratignure ! J'avais meme indique au gars au telephone que je n'etais pas blessee. J'ai demande au secouriste qui m'a ramenee vers la ville en voiture pourquoi 14 hommes s'etaient deplaces pour une seule femme.

"Oh, vous savez, c'est dimanche. On n'a rien d'autre a faire."

Authentique.

Je fus donc deposee a Howth. Je fus accueillie par une secouriste dans des toilettes ou j'ai nettoye mes chaussures boueuses.

Toutes ces aventures m'avaient donne faim, aussi je partis dejeuner.

J'aurais eu tort de ne pas le faire. Je me baladais, le pantalon couvert de boue, et les passants m'offraient  regards curieux et sourires indulgent.

Il y avait un marche a Howth, avec des gateaux faits maison. Les brownies etaient splendides.


15/04/2010
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